D’où viennent nos ukulélés ?
par
L’objet de ce billet n’est pas de critiquer la délocalisation de la production, car qu’il y a un besoin (et une demande) d’instruments d’initiation et d’instruments de milieu de gamme qui soient accessibles financièrement. Par contre il me semble important que l’acheteur soit mieux informé au moment de l’achat.
A la lecture des forums, je constate que nombre de débutants passant commande de leur premier ukulélé, pensent acheter un instrument fabriqué à Hawaii et sont déçus de recevoir un instrument fabriqué en Asie. J’ai été dans ce cas.
Ce n’est pas tant la qualité de l’instrument reçu qui est en cause, mais bien la déception / frustration qui résulte du décalage entre l’idée que l’on se fait de l’origine de l’instrument et son origine réelle.
Cela vient du fait d’une part que le ukulélé est un instrument traditionnel hawaiien et que donc dans l’inconscient collectif il "doit" venir d’Hawaii, mais aussi surtout que de nombreuses marques utilisent les codes hawaiiens dans leur communication (nom hawaiien, logo, site avec des photos d’Hawaii ou une musique hawaiienne...).
Force est de constater que rares sont les marques ou les e-boutiques qui indiquent clairement l’origine géographique de leur instrument. Pour vous aider dans vos choix, sauf erreur de ma part [1], aucune des marques :
AnueNue (qui signifie arc-en-ciel)
Honu (tortue)
Kala (princesse)
Lanikai (mer céleste)
Mahalo (merci)
Mele (chanson)
Ohana (famille [2])
Pono (excellence)
ne fabrique ses ukulélés à Hawaii.
Dans la réalité c’est un peu plus compliqué car certaines marques hawaiiennes possèdent des "sous" marques dont les instruments sont fabriqués hors Hawaii et sont assemblés et/ou réglés à Hawaii. C’est par exemple le cas de Pono, "sous" marque de Ko’olau. Il y a aussi celles qui possèdent des "sous" marques dont les instruments sont 100% fabriqués hors d’Hawaii. C’est par exemple le cas de KoAlana, "sous" marque de KoAloha. Il y a aussi des marques comme Big Island (Honu) qui ont délocalisé leur production mais utilisent des bois hawaiiens. On comprend l’objectif : baisser le coût de production de l’instrument (et donc pour nous au final le prix d’achat) tout en maitrisant la qualité.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, même si les instruments sont réglés par les mêmes luthiers, on ne peut pas dire qu’un Ko’olau et un Pono soient équivalents.
Un ukulélé doit il obligatoirement être fabriqué à Hawaii pour être bon ?
Non bien sûr, il y a d’excellents ukulélés qui sont fabriqués hors d’Hawaii, que ce soit des instruments de luthiers ou des instruments fabriqués de façon moins artisanales.
Le meilleur exemple est à mon avis les Martin vintages fabriqués aux Etats Unis et qui font référence... Plus modestement, j’adore mes Kiwaya (fabriqués au Japon), mon Flea (fabriqué aux Etats Unis), j’ai une pensée nostalgique pour mes anciens Brüko (fabriqués en Allemagne), mon RISA Stick est cool (fabriqué en Europe de l’Est), j’ai été impressionné par le rapport qualité / prix des Lanikai (Chine) et des aNueNue (Vietnam / Chine) que j’ai essayés.
Au delà de l’origine géographique, si le bois est bon, que les luthiers sont compétents et que le contrôle qualité fait son travail il n’y a pas de raison d’être déçu. Par contre il faut être vigilant sur le maintien de la qualité de la production sur la durée (et donc à l’efficacité du contrôle qualité).
Comment reconnaitre un véritable ukulélé hawaiien ?
le bois : l’instrument est en Koa massif
le prix : il n’existe pas d’instrument hawaiien à moins de 300 euros
Pour être certain de ne pas se tromper, on peut choisir une marque parmi les 4 K, marques les plus connues et réputées d’Hawaii : Kamaka, Koaloha, Kanilea, Ko’olau. Mais il y en a d’autres (G-String, Kelii...) ainsi que de très nombreux luthiers (je pense par exemple à Moore Bettah)…
dans le doute on peut demander "aux gens qui savent" sur les forums spécialisés que sont www.ukulele.fr/forum et www.mydoghasflea.net
Sur ce, je vous souhaite de bons achats en connaissance de cause.
[1] Pas facile de s’y retrouver car les sites sont en anglais et l’information pas facilement accessible.
[2] Comme dirait Stitch.